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L’histoire de Lyne

Quand je suis née, les médecins ont découvert une malformation dans les uretères causant un reflux de l’urine.
À 20 ans, on me dit qu’éventuellement j’aurai besoin d’une greffe de rein. Je réussis, avec des diètes appropriées, à repousser la dialyse jusqu’à mes 23 ans. Je n’ai alors plus le choix : je dois commencer la dialyse trois fois par semaine. Je dois me rendre à Québec, ce qui me prend trois heures. Je n’ai pas de permis de conduire; alors je dois partager un taxi avec cinq autres personnes pour me rendre à l’hôpital.

Le téléphone sonne enfin : un rein m’attend! Tout va bien pendant 20 ans. Ensuite, je commence à faire plusieurs infections urinaires. Je ne sais plus quoi faire et je me rends bien compte que les médecins ne le savent pas plus. Ils essaient de retirer mes reins natifs pensant que c’est le problème, mais ça ne fonctionne pas. Je reçois des antibiotiques intraveineux et le traitement fonctionne pendant que je les prends, mais dès la fin du traitement, ça recommence. Ma médecin cherche à m’aider et trouve une opération qui se fait en Europe, mais qui n’est pas reconnue au Québec. Elle trouve quand même une façon de me faire opérer. Je ne sais pas de quelle façon exactement, mais après une chirurgie d’un jour, miracle, je n’ai jamais refait d’infection urinaire. Et le miracle dure depuis quatre ans.

Malheureusement, un autre problème apparaît. Mon greffon ne fonctionne plus très bien. Je dois alors subir une seconde greffe rénale. Mon conjoint, Serge, fait tous les tests pour me donner un de ses reins. Tout va bien au début et nous sommes compatibles, mais le mélange de nos deux types sanguins fait en sorte que le mien fait une réaction et nous ne le sommes plus. Il décide donc de s’inscrire sur la liste pancanadienne du Programme de don croisé de rein.

Il s’agit d’une sorte de redonner au suivant. C’est une chaîne dans laquelle plusieurs donneurs et receveurs incompatibles entre eux sont inscrits sur une liste, les reins étant remis à d’autres personnes en don croisé. Autrement dit, mon conjoint donne son rein à un inconnu et je reçois à mon tour un rein d’une personne que je ne connais pas. Serge s’est rendu à Ottawa pour donner son rein et moi j’ai reçu le mien à Québec. L’opération est une réussite. Des problèmes surviennent au cours de la première année, mais rien de majeur.

On devrait parler plus souvent de cette façon de donner un rein, car le temps d’attente pour une greffe provenant d’un donneur décédé est de plusieurs années. J’ai reçu le mien en moins d’un an grâce au don vivant. C’est un geste d’une grande générosité et je ne pourrai jamais trouver les mots pour exprimer ce que Serge a fait pour moi. C’est le plus beau geste d’amour que l’on puisse recevoir.

Merci à toi, Serge, d’avoir fait ce choix pour moi.