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Une approche globale pour étudier les causes monogéniques des CAKUT chez l’humain

Thomas Kitzler
Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill
Subvention de recherche en santé des reins
2024 - 2026
120 000 $
Maladie rénale chronique, Génétique, Développement du rein

Résumé en langage clair :

Contexte : La maladie rénale chronique affecte grandement la santé de la population dans son ensemble et exerce une pression énorme sur le système de santé public. Les anomalies congénitales du rein et des voies urinaires, réunies sous l’acronyme CAKUT (pour Congenital Anomalies of the Kidney and Urinary Tract) constituent la principale cause de maladie rénale chronique chez les personnes de moins de 30 ans. Les CAKUT sont des anomalies physiques présentes dès la naissance qui peuvent toucher le rein, l’uretère (le conduit qui relie le rein à la vessie), la vessie et l’urètre (le conduit par lequel l’urine est évacuée de la vessie vers l’extérieur du corps). Les CAKUT peuvent avoir une cause environnementale, sporadique (c.-à-d. isolée) ou génétique. Notre information génétique est stockée à l’intérieur d’une grosse molécule communément appelée ADN, qui signifie acide désoxyribonucléique. L'ADN se trouve dans chaque cellule du corps humain. Cette information est stockée dans différentes sections de l'ADN qu’on appelle les gènes. Les gènes sont les « plans de construction » des éléments (c'est-à-dire des protéines) qui constituent toutes les structures de notre corps. Toute modification de l'information contenue dans un gène peut changer la fonction de la protéine qui lui correspond et entraîner l’apparition d’une maladie génétique. Les modifications qui surviennent dans les gènes sont appelées mutations et sont comparables à une faute d'orthographe dans un chapitre de livre. Bien que les CAKUT surviennent parfois de façon isolée et puissent avoir une cause environnementale, on estime qu'au moins 50 % des cas sont d'origine génétique. Cependant, il arrive souvent que le gène responsable de CAKUT ne puisse pas être identifié. Il faut savoir que certaines données laissent entendre que les enfants présentant des CAKUT causés par un gène sont particulièrement à risque de développer une maladie des reins et de perdre progressivement leur fonction rénale. Lorsque leurs reins ne fonctionnent plus, les patients doivent recevoir des traitements d’hémodialyse (une méthode qui permet d’éliminer les déchets dans le sang à l’aide d’une machine) de façon régulière ou subir une greffe de rein. Les patients greffés vivent généralement mieux et plus longtemps que les patients dialysés, mais le nombre de donneurs ne suffit malheureusement pas à combler les besoins. En 2017, plus de 200 patients sont décédés dans l'attente d'une greffe d'organe. Il est donc urgent de repérer rapidement les patients qui présentent un risque de maladie rénale chronique et de mettre au point de nouveaux traitements visant à prévenir la détérioration complète de la fonction rénale. Objectif : Dans le cadre de l'étude que nous proposons ici, nous chercherons à mieux comprendre quels gènes pourraient être à l'origine des CAKUT et de la maladie rénale chez l'enfant. Méthode : Nous utiliserons d'abord le séquençage de l'exome entier chez un groupe de plus de 250 patients présentant des CAKUT pour cerner les causes génétiques possibles de ces anomalies. Le séquençage de l'exome entier est une technique qui permet d'analyser tous les gènes en même temps. Nous serons ainsi en mesure d'en identifier de nouveaux qui n'étaient pas encore connus pour causer les CAKUT. Pour confirmer que ces gènes et leurs mutations jouent un rôle déterminant dans le développement des reins, nous utiliserons le poisson-zèbre. Ce petit poisson est utilisé pour étudier de multiples maladies liées au développement, car il possède de nombreuses structures identiques à celles de l'humain. Nous injecterons une substance qui permet de désactiver des gènes spécifiques dans des embryons de poisson-zèbre afin d'identifier ceux qui sont associés à un développement anormal des reins. Résultats attendus : Nous souhaitons découvrir de nouveaux gènes en cause dans les CAKUT chez les enfants. C’est un travail important, sachant qu’une cause génétique de CAKUT contribue probablement aussi à augmenter le risque d'insuffisance rénale. Il est donc primordial de repérer les enfants chez qui le risque est le plus élevé pour pouvoir assurer une surveillance précoce et mettre au point des traitements personnalisés. Pertinence pour les patients ou la collectivité : Il est important que les patients, les membres de leur famille et les cliniciens soient informés d’une cause génétique de CAKUT, parce que : 1) les enfants dont la cause génétique a été confirmée sont plus susceptibles de développer une maladie rénale et peuvent avoir d'autres problèmes de santé apparentés; 2) lorsqu’une cause génétique a été établie, il devient possible d’identifier les autres membres de la famille à risque et d’informer les parents du risque encouru lors de futures grossesses; et 3) le fait de connaître la cause sous-jacente exacte permettra, nous l'espérons, de mettre au point de nouveaux traitements personnalisés. Conclusion : Notre objectif est de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans les CAKUT, une étape importante vers la mise au point de stratégies de traitement personnalisées.