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Pour des soins de précision : élucider les mécanismes moléculaires de la NIgA de l’enfant grâce aux connaissances acquises sur la CD89s

Alexandra Cambier
Centre Hospitalier Universitaire Sainte-Justine
Subvention de recherche en santé des reins
2024 - 2027
180 000 $
Glomérulonéphrite, Biologie du rein, Biomarqueurs prédictifs

Résumé en langage clair

La néphropathie à immunoglobuline A (NIgA) de l’enfant et une maladie rénale répandue durant l’enfance, mais elle passe souvent inaperçue jusqu'à l'âge adulte, alors que les options thérapeutiques sont limitées, ce qui expose les jeunes patients à un risque élevé d'insuffisance rénale. La NIgA est une maladie auto-immune rare qui compromet le travail des reins, en particulier leur principale fonction de filtration du sang qui permet d’éliminer les déchets de l'organisme. La NIgA est notamment caractérisée par la présence d'urines rouges. Environ 20 à 40 % des personnes atteintes de NIgA finiront par souffrir d’insuffisance rénale terminale, ce qui signifie qu'elles auront besoin de traitements de dialyse ou d'une greffe de rein pour survivre. La NIgA se déclare souvent chez le jeune adulte, mais peut aussi apparaître plus tôt et nuire au développement de l'enfant. Notre programme de recherche vise à changer les choses en favorisant l’établissement d’un diagnostic et d’un traitement le plus tôt possible dans la maladie. Nos travaux portent principalement sur la CD89 soluble (CD89s), une protéine qui semble intéressante en tant que biomarqueur précoce de la NIgA de l’enfant. Cette protéine fait partie du système immunitaire et joue un rôle crucial dans le développement de la maladie. Si nous comprenons bien son rôle, nous pourrons détecter la NIgA de l’enfant à ses débuts et fournir des traitements plus efficaces. Nos recherches ont mis en évidence plusieurs aspects importants de la NIgA de l’enfant : – Découverte d’un biomarqueur : Nous avons observé des taux élevés de CD89s chez de jeunes patients atteints de NIgA, ce qui permet de croire qu’il s’agit là d’un premier signe annonciateur de la maladie. Cette découverte pourrait permettre d'augmenter la rapidité et la précision du diagnostic. – Mécanismes de la maladie et réaction inflammatoire : Notre équipe a observé que la CD89s déclenche une réaction inflammatoire dans le rein. Nous avons repéré des éléments importants liés à l'apparition de la NIgA de l’enfant, comme le récepteur de la transferrine de type 1 (TfR1) et la voie de la cible mammifère de la rapamycine (mTOR). En faisant la lumière sur ce processus, nous pouvons travailler sur des façons d'intervenir et de prévenir les nouvelles lésions. Ces éléments sont comme les pièces d'un casse-tête, et c’est en comprenant comment elles s'emboîtent que nous pourrons vraisemblablement mettre au point des traitements ciblés. – Rôle d’APRIL : Nous avons également découvert que la CD89s stimule la production d’une molécule pro-inflammatoire appelée APRIL (pour A PRoliferation-Inducing Ligand). Bien que nous tentions encore de déterminer sa fonction exacte, nous pensons qu'APRIL joue un rôle essentiel dans l'interaction entre les différentes cellules du rein. Notre programme de recherche s'articule autour de trois principaux objectifs. Notre premier objectif consiste à cerner des marqueurs spécifiques. Nous souhaitons définir les différentes formes de CD89s et d'APRIL présentes dans les dépôts d’immunoglobuline A en utilisant une technique de pointe appelée spectrométrie de masse. Cela nous aidera à identifier les formes exactes qui sont associées à la maladie. Comme deuxième objectif, nous voulons comprendre le processus de la maladie. Nous cherchons à élucider la manière dont la protéine CD89s déclenche l'inflammation dans les reins et active certaines voies de signalisation. En explorant les mécanismes moléculaires et génétiques de la maladie, nous espérons trouver de nouveaux moyens de la cibler. Finalement, notre troisième objectif consiste à analyser les interactions cellulaires. Nous utiliserons un modèle unique appelé GlomSpheres pour étudier comment la CD89s et APRIL affectent la communication entre les différentes cellules du rein. Ce modèle nous permettra de simuler et d'étudier ces interactions de plus près. Pour mener à bien nos recherches, nous combinons des approches cliniques et scientifiques fondamentales, en utilisant des ressources et des données provenant de biobanques de la France et du Canada. Nous sommes déterminés à comprendre le rôle de la CD89s dans l'apparition de la NIgA de l’enfant, comment cette protéine influence la communication entre les différentes cellules du rein et, enfin, comment nous pouvons mettre au point des tests non envahissants permettant de surveiller la présence d’inflammation dans le rein. Nous pourrions ainsi réduire le nombre de biopsies rénales et améliorer la prise en charge des maladies du rein. Essentiellement, notre étude pourrait offrir des avantages considérables aux jeunes patients atteints de NIgA de l’enfant en les faisant profiter d'un diagnostic plus précoce et d'un traitement plus efficace que ce qui existe actuellement. Il s'agit d'une étape importante vers l'amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de cette maladie rénale.