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La multiomique et le syndrome néphrotique infantile : vers des thérapies ciblées

Mallory Downie
Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, Québec
Bourse Nouveaux chercheurs KRESCENT
2025 - 2028
210 000 $
Génétique

Résumé en language clair

Contexte : Le syndrome néphrotique est la maladie rénale la plus courante chez les enfants à l’échelle mondiale. Au Canada, les taux de syndrome néphrotique infantile ont doublé au cours des dix dernières années, ce qui en fait un enjeu important de santé publique. Le syndrome néphrotique est causé par une lésion des minuscules filtres à l'intérieur des reins, ce qui entraîne une fuite de protéines dans l'urine. Il s’ensuit un gonflement du corps de l'enfant. En l'absence de traitement, les enfants développent des infections, des caillots sanguins et ils peuvent en mourir. Au cours des 70 dernières années, les enfants atteints du syndrome néphrotique ont été traités avec des médicaments communément appelés « stéroïdes », qui peuvent empêcher les reins de laisser passer les protéines. Cependant, les stéroïdes ont de graves effets secondaires, notamment l'obésité, le diabète, un retard de croissance et l'hypertension artérielle. Chez 80 % des enfants, la maladie récidive, ce qui nécessite un traitement supplémentaire aux stéroïdes à chaque rechute. Ces récidives entraînent des visites fréquentes à la clinique, des hospitalisations et de nombreuses absences à l'école. C’est un lourd fardeau pour les patients, leurs familles et le système de santé. À l'heure actuelle, nous ne comprenons pas entièrement les causes du syndrome néphrotique ni pourquoi certains enfants en souffrent à plusieurs reprises et d’autres non. Nous avons également besoin de traitements plus ciblés et moins toxiques. Nous ne comprenons pas non plus pourquoi les enfants d'origine sud-asiatique ou arabe sont plus susceptibles de développer un syndrome néphrotique que les enfants d'origine européenne.

But : Mes recherches porteront sur les gènes des patients afin de mieux comprendre la maladie. Les gènes fournissent les instructions nécessaires à la fabrication de toutes les protéines de l'organisme. Les gènes et les protéines sont parmi les nouveaux facteurs de risque les plus prometteurs pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques dans le traitement de cette maladie. J'étudierai les informations génétiques de 2 000 enfants atteints du syndrome néphrotique afin de mieux en comprendre les causes. Cet ensemble de données comprend des informations génétiques d’enfants d'origine européenne, sud-asiatique et arabe.

Méthodologie : Les objectifs de ma recherche sont les suivants : 1) J'identifierai les modifications génétiques permettant de prédire l'évolution particulière de la maladie chez un enfant (par exemple, des rechutes fréquentes). Pour ce faire, je comparerai les informations génétiques d'enfants n’ayant eu aucune rechute après avoir reçu des « stéroïdes » à celles d'enfants ayant connu de multiples rechutes. 2) J'étudierai les protéines produites par les gènes d'un patient afin d'identifier celles qui sont responsables de la maladie et qui pourraient servir de cibles pour de nouveaux médicaments. Pour ce faire, j'utiliserai les informations génétiques provenant d'enfants atteints du syndrome néphrotique sensible aux stéroïdes afin de déterminer les taux de protéines dans leur sang. Je comparerai ensuite ces taux à ceux de patients en bonne santé. 3) J'identifierai de nouvelles modifications génétiques qui augmentent le risque pour un enfant de développer un syndrome néphrotique sensible aux stéroïdes afin de comprendre pourquoi la maladie apparaît en premier lieu. Pour ce faire, je comparerai les informations génétiques d'enfants atteints du syndrome néphrotique sensible aux stéroïdes à celles de patients en bonne santé. Je regrouperai d'abord les enfants par origine ethnique, puis j'étudierai chaque origine ethnique séparément. J'ajouterai ensuite les résultats de chaque groupe pour obtenir la cohorte complète de 2 000 enfants atteints du syndrome néphrotique sensible aux stéroïdes.

Résultats escomptés : Nos travaux permettront d'identifier les modifications génétiques qui exposent les enfants à un risque de développer un syndrome néphrotique et une forme plus grave de la maladie. Notre recherche permettra également d’expliquer pourquoi les enfants de certaines origines ethniques sont plus exposés à cette maladie. En identifiant les protéines responsables de la maladie, nous découvrirons également de nouvelles cibles thérapeutiques pour la soigner.

Mobilisation des patients : J'ai fait appel à un patient et à sa famille pouvant témoigner de leur vécu ainsi qu’à deux conseils nationaux de patients afin d'explorer les priorités de ces personnes en matière de recherche et d’aider à communiquer les résultats de mes recherches.
 
Pertinence pour les patients / la communauté : Les traitements du syndrome néphrotique infantile ont très peu évolué au cours des 70 dernières années. Nos travaux permettront d'identifier de nouveaux gènes associés au risque de développer un syndrome néphrotique ainsi que de nouvelles cibles pharmacologiques pour traiter cette maladie. Cela pourrait constituer la première avancée majeure dans le traitement du syndrome néphrotique depuis des décennies. Nos travaux nous aideront également à comprendre pourquoi le syndrome néphrotique touche davantage les enfants d'origine sud-asiatique et arabe que les enfants européens. À terme, nos travaux permettront d'établir un diagnostic plus précis et de proposer des traitements plus sûrs.

Conclusion : Mon programme de recherche s'appuiera sur la génétique et la protéomique afin de mettre au point des traitements plus ciblés et plus sûrs ainsi que des soins plus personnalisés pour les enfants atteints du syndrome néphrotique.