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Nouveau modèle murin du SNLGM reposant sur un autoantigène podocytaire et la communication T-B

Tomoko Takano
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill
Subvention de recherche en santé des reins
2022 - 2025
100 000 $
Glomérulonéphrite Biologie rénale

Résumé en langage clair

Les reins agissent comme une barrière qui filtre l’eau et les déchets dans l’urine tout en retenant les protéines essentielles dans le sang. Lorsque ce processus de filtration est altéré, une très grande quantité de protéines passent dans l’urine (protéinurie), menant à une maladie appelée syndrome néphrotique. Quelle qu’en soit la cause, tous les cas de syndrome néphrotique ont un point en commun, c’est-à-dire qu’ils endommagent des cellules spécialisées appelées podocytes, d’importants composants de la barrière de filtration. Les lésions glomérulaires minimes sont une cause fréquente de syndrome néphrotique chez les enfants, mais elles touchent également les adultes de tous âges. Malgré d'intenses recherches depuis cinq décennies, la cause précise du syndrome néphrotique à lésions glomérulaires minimes (SNLGM) demeure inconnue, ce qui nous empêche de trouver des traitements efficaces. Pour comprendre comment une maladie se manifeste, il est utile de recourir à un modèle animal qui imite la maladie humaine. L'une des principales limites de la recherche sur le SNLGM est qu'il n'existe actuellement aucun bon modèle animal de cette maladie. Nous savons que les patients atteints d’un SNLGM répondent aux médicaments immunosuppresseurs non spécifiques tels que les glucocorticoïdes. Il est donc fort probable que le dysfonctionnement du système immunitaire soit une cause de cette maladie. Toutefois, le système immunitaire est une structure complexe composée de nombreux types de cellules, et nous ne savons pas lesquelles de ces cellules sont responsables du SNLGM. On a longtemps cru qu’en présence d’un SNLGM, les lymphocytes T s’activent anormalement et produisent un ou plusieurs éléments qui atteignent le rein par la circulation et endommagent les podocytes. Plus récemment, on a découvert qu'un immunosuppresseur appelé rituximab, qui cible et inhibe les lymphocytes B, est efficace pour prévenir les rechutes de SNLGM. Cette observation clinique, jumelée à plusieurs données de recherche, incite fortement à penser que les lymphocytes B et les anticorps qu'ils produisent pourraient également jouer un rôle important dans l’apparition du SNLGM. Récemment, nous avons découvert un nouveau modèle murin qui ressemble au tableau clinique et à l'histologie rénale du SNLGM humain. Ce modèle est obtenu en injectant à des souris une protéine recombinante représentant une partie de la protéine appelée Crb2, qui est normalement exprimée dans les podocytes. Selon notre hypothèse, le système immunitaire de la souris réagit à la protéine Crb2 injectée et les lymphocytes T et B ainsi activés endommagent les podocytes, soit directement, soit par l'intermédiaire d'anticorps. Nous étudierons la réponse immunitaire de la souris à laquelle on a injecté la protéine Crb2 et la manière dont les modifications du système immunitaire aboutissent à la dégradation des podocytes. Si nous réussissons, cette étude permettra d'établir un modèle murin de SNLGM reposant sur un mécanisme immunitaire, actuellement inexistant. Notre objectif ultime sera d'étudier si des mécanismes similaires sont en cause chez les patients atteints de SNLGM et, enfin, de définir les cibles thérapeutiques cellulaires et moléculaires précises chez les patients atteints de SNLGM. Nous menons une étude parallèle pour analyser les lymphocytes de patients atteints de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Les résultats de l'étude actuelle seront donc comparés aux données humaines afin de déterminer la pertinence clinique des résultats obtenus chez la souris.