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Le rôle des cellules dendritiques et des lymphocytes T auxiliaires folliculaires dans le rejet à médiation humorale d’un greffon rénal

Dr. Sacha de Serres
Université Laval
Subvention de soutien à la recherche biomédicale
2017 - 2019
100 000 $
Transplantation

Résumé vulgarisé du projet de recherche

Au cours des vingt dernières années, des progrès notables ont été réalisés dans le domaine de la transplantation rénale. Cependant, l’espérance de vie n’a pas augmenté autant que prévu. Au Canada, le pourcentage de reins de donneurs décédés qui sont encore fonctionnels cinq ans après la transplantation n’est que légèrement supérieur à 80 %. Autrement dit, les jeunes transplantés de nos jours peuvent avoir besoin de deux ou trois greffes, voire plus au cours de leur vie. La conception de la survie adéquate d’un greffon transplanté serait que le patient décède avec ce même rein toujours fonctionnel. Comme les coûts annuels d’une dialyse sont plus de 50 000 $ supérieurs à ceux d’une transplantation fonctionnelle pendant un an, il existe un intérêt économique évident à améliorer la survie d’un greffon.

La perte prématurée d’une greffe est principalement due à un rejet tardif, causée par les anticorps anti-HLA. Bien que de nombreux agents aient été évalués pour le traitement du rejet à médiation humorale (par des anticorps), aucun d’eux n’a jusqu’à maintenant été très utile. Dès que le patient produit ces anticorps, il est en quelque sorte « vacciné » contre la greffe. Afin d’améliorer les résultats, il est nécessaire de bloquer le système immunitaire à un point de contrôle avant la production des anticorps.

La recherche proposée vise à mieux comprendre la façon dont les cellules immunitaires innées, appelées cellules dendritiques, commandent aux lymphocytes T spécialisés, appelés lymphocytes auxiliaires folliculaires, d’interagir avec les lymphocytes B qui produisent les anticorps anti-HLA. Nous avons précédemment expliqué que les cellules dendritiques peuvent lentement envahir le greffon chez les transplantés et qu’elles se trouvent en contact étroit avec les lymphocytes T activés. Plus récemment, nous avons obtenu la confirmation que les transplantés porteurs d’anticorps anti-HLA de classe II montrent une prédominance de lymphocytes T folliculaires dans leur sang et lors de leur biopsie rénale, ce qui n’a pas été observé pour les anti-HLA de classe I. Nous voulons maintenant être en mesure de mieux définir l’interaction entre les cellules dendritiques et les lymphocytes T in vitro et in vivo. Plus particulièrement, nous voulons vérifier si l’inhibition des cytokines participant à la diaphonie entre les cellules dendritiques et les lymphocytes T folliculaires pourrait empêcher les lymphocytes B humains de sécréter des anticorps dirigés contre le donneur. Nous espérons trouver une ou des cibles immunologiques (seule ou en association) qui bloquera la voie intervenant dans la production d’anticorps avant que le processus n’atteigne le point de contrôle des lymphocytes B. Certaines cytokines considérées, comme l’anti-IL-21, sont déjà en développement pour le traitement d’autres maladies. De plus, nos travaux permettront de préciser si l’inhibition de la production des lymphocytes auxiliaires folliculaires semble une cible intéressante pour les anti-HLA de classe II, et s’il n’en serait pas de même pour ceux appartenant à la classe I.

Biographie

Le Dr Sacha De Serres est un nouveau chercheur à l’Université Laval. Après l’obtention de son diplôme en médecine de l’Université de Montréal, il a suivi une formation en médecine interne et en néphrologie à l’Université Laval. Grâce à une bourse postdoctorale du programme KRESCENT, il a par la suite terminé une formation en immunologie de la transplantation au Brigham and Women’s Hospital de l’Université Harvard, à Boston. Les recherches du Dr De Serres sont axées sur le mécanisme d’immunité innée dans la transplantation.

Son projet consiste à étudier l’interaction entre deux types particuliers de cellules, soit les cellules dendritiques et les lymphocytes T auxiliaires folliculaires, lorsque survient le rejet d’un greffon rénal. De façon plus précise, ce chercheur veut décrypter la manière dont ces cellules donnent l’ordre aux lymphocytes B de produire des anticorps contre le greffon. Le Dr De Serres souhaite que ces connaissances permettent de personnaliser les traitements immunosuppresseurs et ainsi de réduire les effets secondaires des médicaments antirejet. Ses recherches devraient aussi contribuer à mettre au point des traitements plus efficaces contre le rejet chronique, ce qui, ultimement, augmenterait l’espérance de vie des transplantés rénaux. Ces outils pourraient s’avérer bénéfiques non seulement pour les receveurs d’un greffon rénal, mais aussi pour les receveurs de tout autre organe.