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Reconversion de l’istradefylline pour le traitement de la fibrose rénale

Andrew Advani
Hôpital St. Michael
Subvention de recherche en santé des reins
2024 - 2026
120 000 $
Maladie rénale chronique, Biologie du rein, Insuffisance rénale

Co-candidat(s) : Darren Yuen

Résumé en langage clair

Malgré de récentes avancées en matière de soins, l’insuffisance rénale demeure un problème de santé majeur, et il est urgent de trouver de nouveaux traitements pour prévenir son apparition. Malheureusement, même si une découverte est faite en laboratoire, la route entre cette découverte et l’accessibilité d'un nouveau traitement est très longue et semée d'embûches. Le processus peut souvent prendre de 15 à 25 ans, et même si un médicament finit par être testé sur de vrais patients, il n'a qu'une chance sur dix d’être lancé sur le marché au bout du compte. Le projet proposé ici vise à contourner ces obstacles aussi importants que laborieux en mettant à l'essai un médicament déjà utilisé chez des patients pour un autre problème de santé. C'est ce qu'on appelle la reconversion de médicaments, et le médicament que nous évaluerons s'appelle l'istradefylline. L’istradefylline a été approuvée par la Food and Drug Administration des États-Unis en 2019 pour le traitement de la maladie de Parkinson. C’est un médicament sécuritaire, qui a peu d'effets secondaires, qui se prend une fois par jour par voie orale et, surtout, qui peut être utilisé sans risque supplémentaire chez les personnes souffrant d'une maladie rénale. L’istradefylline agit en bloquant l’action d’une protéine présente sur les cellules, appelée récepteur de l'adénosine de type 2A (ou A2A tout court). Nous avons récemment découvert que l'A2A joue un rôle important dans l'apparition de l'insuffisance rénale. Quelle que soit la cause première de la maladie rénale, son évolution vers l'insuffisance rénale se manifeste par la formation de cicatrices dans les reins, que l'on appelle aussi fibrose. Pour trouver des pistes de traitement de la fibrose rénale, nous avons prélevé des cellules cicatricielles sur des reins malades et nous avons examiné les protéines présentes à leur surface qui pourraient être ciblées par de nouveaux traitements. L'une de ces protéines était l'A2A, soit l’une des quatre protéines présentes à la surface des récepteurs de l'adénosine. Il est intéressant de noter que de nombreuses personnes consomment chaque jour un antagoniste (bloqueur) de récepteurs de l'adénosine sans le savoir : la caféine. Lorsque nous avons ajouté de la caféine à l'eau que buvaient des souris atteintes d'une maladie des reins, nous avons pu réduire la quantité de cicatrices qui s’y formaient. Le problème est que la caféine bloque tous les types de récepteurs de l'adénosine, pas seulement l’A2A. En cherchant à identifier un antagoniste des récepteurs A2A bien précis à étudier, nous avons trouvé l'istradefylline, molécule hautement spécifique à l'A2A récemment approuvée aux États-Unis pour le traitement de la maladie de Parkinson. Dans le cadre du présent projet de recherche, nous examinerons si l'élimination de l'A2A seule des cellules rénales responsables de la cicatrisation ralentit la progression de la maladie rénale. Nous vérifierons également si l'istradefylline réduit la fibrose rénale dans des modèles expérimentaux, en reproduisant la manière dont le médicament pourrait être utilisé chez les personnes atteintes de maladie rénale. Si nos essais sont concluants, les données recueillies devraient permettre d’accéder directement à la réalisation d’un essai clinique sur l'istradefylline comme traitement de la fibrose rénale, permettant ainsi de surmonter la plupart des contraintes liées à la mise au point des médicaments.