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nov. 25, 2024

Morteza Ahmadi fait le point sur KRESCENT

De l’astrophysique à la santé rénale, Morteza Ahmadi, Ph. D., nous fait part de son parcours d'étudiant diplômé en physique des trous noirs à chercheur-boursier de niveau postdoctoral KRESCENT à fondateur d'une jeune entreprise de biotechnologie, Qidni Labs, dont l'objectif est de transformer les soins en matière de dialyse.

M. Ahmadi a d’abord fait des études universitaires en physique, obtenant une maîtrise en physique des trous noirs et entamant un doctorat en physique expérimentale des molécules atomiques et des lasers. Se rendant toutefois compte que cela ne lui convenait pas, il a choisi de mettre ses compétences à profit dans le domaine des soins de santé. S’intéressant de plus en plus aux matériaux minuscules, il s'est inscrit plutôt au programme de doctorat du SYDE (Systems Design Engineering Department) à l'Université de Waterloo où il s’est concentré sur l'application des nanotechnologies à l'ingénierie biomédicale.

C’est au cours de cette période que, fasciné par les nanofiltres en silicium et leur utilité potentielle dans la filtration rénale, il a proposé à son directeur de recherche un projet visant à miniaturiser la dialyse, ce qui devint rapidement l’objectif principal de sa carrière tant il était soucieux de trouver des solutions aux problèmes liés à la dialyse traditionnelle.

Traitement courant pour les personnes souffrant d'insuffisance rénale, la dialyse prend la relève des reins endommagés pour ce qui est de la filtration du sang. Bien qu'elle sauve la vie de nombreuses personnes, la dialyse s'accompagne de son lot de problèmes. La dialyse péritonéale et l'hémodialyse nécessitent beaucoup d’équipement, souvent encombrant, et il faut y consacrer du temps – en fait, plusieurs longues séances chaque semaine. Il peut donc être difficile pour les patients aux prises avec l’insuffisance rénale de vivre sans contrainte, ce qui affecte considérablement leur qualité de vie.

Pour réduire les besoins en équipement et rendre la dialyse plus accessible, M. Ahmadi a commencé à travailler avec des membranes de filtration dotées de canaux très petits, de l'ordre de cinq nanomètres. Un nanomètre correspond à un milliardième de mètre, ce qui signifie qu'il travaillait à un niveau microscopique. Cette taille était très importante, car elle permettait de filtrer les molécules minuscules et les déchets du sang, mais en laissant les composants plus gros et plus importants. Comme l’explique M. Ahmadi :

« Cinq nanomètres, c'est très semblable à que fait le rein au tout premier stade de ce qu'on appelle la filtration glomérulaire, c'est-à-dire qu'il sépare une partie du sang et laisse les cellules et la plupart des protéines derrière… Donc si vous avez une taille de pores de cinq nanomètres, ce qui est très minuscule, alors vous pouvez encore faire la même chose. »

Même si M. Ahmadi avait la capacité technique de travailler avec ces filtres minuscules, son manque de formation en biologie ou en médecine l’entravait dans son projet. C'est ce qui l'a conduit au programme KRESCENT, qui lui a donné la possibilité d'acquérir l’expertise nécessaire en biologie rénale et en santé rénale.

Sa participation au programme KRESCENT a eu un impact incroyable sur lui; d’ailleurs la formation qu’il a ainsi acquise a été, selon ses propres mots, « inestimable ». Le programme lui a non seulement apporté des connaissances et une expertise qu'il n'aurait jamais pu acquérir autrement, mais il lui a aussi permis de tisser des liens avec des collègues, des mentors, des cliniciens et d'autres experts interdisciplinaires dans le domaine de la santé rénale. Les possibilités de réseautage offertes par KRESCENT correspondent à ce qu'il décrit comme « la pièce manquante » dans ses recherches.

Le programme KRESCENT lui a notamment donné la chance d'entrer en contact avec des patients, ce qu'il trouve incroyablement important dans son travail actuel. Son expérience la plus marquante à cet égard a été sa toute première visite d'une clinique de dialyse au St. Joseph’s Hospital à Hamilton, en Ontario – l’occasion pour lui d'interagir directement avec des patients et de parler avec eux de leurs vécus. Cette expérience lui a permis d'acquérir de précieuses connaissances pour ses recherches. En outre, il s'est rendu compte que « tout ce que [les chercheurs] font en matière de conception et de développement peut avoir un impact positif sur la vie de millions de personnes », ce qui donne un sens à son travail et le motive à continuer.

« Le réseau qui a été créé grâce au programme KRESCENT et, par la suite, à La Fondation du rein continue de nous aider dans diverses facettes de notre projet, et ce, depuis plusieurs années. »

Les connaissances qu’a acquises M. Ahmadi auprès des patients et des cliniciens au cours du programme KRESCENT l’ont amené à intégrer un aspect important dans le développement des appareils, soit l'interaction continue avec les patients. Cela l'a même incité à participer à un forum de patients (www.Reinreseau.ca) pour leur demander de faire valoir leur point de vue sur ce qu'ils souhaitaient voir changer dans la technologie de la dialyse. Une fois de plus, il en a retiré une orientation indispensable pour son travail. Depuis, il continue d'accorder une grande importance à l'avis des patients, Comme il l’explique : « Si vous n'interagissez pas directement avec les cliniciens ou les patients, vous passez à côté de quelque chose de très important ».

Depuis qu'il a terminé le programme KRESCENT, M. Ahmadi a créé une jeune pousse, une entreprise de biotechnologie appelée Qidni Labs. Celle-ci se concentre sur le développement de technologies de pointe pour mieux traiter l'insuffisance rénale au stade terminal. L'objectif de Qidni Labs est « d’améliorer considérablement l'accès au traitement [par dialyse] à l’échelle mondiale, de réduire le coût de la dialyse et de transformer la qualité de vie des patients ». Pour ce faire, l'entreprise est en train de mettre au point un système d'hémodialyse portatif et presque sans eau. L’appareil fait actuellement l'objet de tests cliniques; son utilisation n'est pas encore approuvée au Canada.

La petite taille et la portabilité de cet appareil pourraient améliorer l'accès au traitement et la qualité de vie des patients en supprimant la barrière de l'équipement encombrant, raison pour laquelle les patients sont obligés d’aller à l'hôpital ou de rester à la maison pour leurs traitements de dialyse. « Si l'on peut supprimer cette infrastructure, fait remarquer M. Ahmadi, ces patients auront beaucoup plus d'options et pourront bénéficier d'une meilleure qualité de vie. En outre, de par la nature de sa conception, cet appareil nouveau genre peut également faciliter l’accès à la dialyse aux patients se trouvant dans des zones rurales et des pays en développement, ce qui peut « contribuer à changer leur situation », d’ajouter M. Ahmadi.

Il continue de maintenir une relation active avec le programme KRESCENT comme avec La Fondation canadienne du rein. Il demeure en communication constante avec des boursiers KRESCENT et s'engage avec enthousiasme auprès de nouveaux stagiaires. Qui plus est, il est reconnaissant du soutien qu'il a reçu de la part de La Fondation du rein, tant pour mettre en lumière son travail que pour l’aider à rejoindre des patients. « La Fondation a joué un rôle déterminant, souligne-t-il, dans le recrutement de patients pour les études cliniques menées à Qidni Labs. »

Le parcours de M. Ahmadi démontre le bien-fondé d’investir dans des chercheurs et des idées en dehors du statu quo de la recherche sur la santé rénale. En combinant son expertise en physique et en ingénierie avec le soutien et les connaissances fournis par KRESCENT et La Fondation canadienne du rein, M. Ahmadi est devenu un chef de file en matière de technologie de dialyse innovante. Il continue aujourd'hui à œuvrer pour un avenir en meilleure santé pour tous les patients sous dialyse.


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