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févr. 9, 2022

Une étude révèle une approche novatrice pour la prévention de maladies rénales

Des chercheurs en néphrologie à l’Université de Calgary sont sur le point d’achever les tests sur ce qui pourrait être une première mondiale dans le traitement de l’insuffisance rénale aiguë. La nouvelle méthode thérapeutique, laquelle repose sur la gestion d’une minuscule molécule qui régule l’inflammation lors de l’insuffisance rénale aiguë, met l’accent sur la prévention de la lésion chez les personnes susceptibles de contracter la maladie, notamment celles qui subissent une intervention chirurgicale cardiaque majeure ou une greffe rénale. 

« Nous espérons au moins améliorer les dénouements de l’insuffisance rénale aiguë (IRA), car à l’heure actuelle, nous n’avons absolument aucun moyen de la prévenir », dit le Dr Daniel A. Muruve, chercheur principal d’une récente étude universitaire qui s’est penchée sur l’importance de la molécule dans les reins et dans les maladies liées aux reins. L’étude, dirigée par le Dr Arthur Lau au Département de médecine, Institut Snyder pour les maladies chroniques de l’École de médecine Cumming à l’Université de Calgary, a été publiée la semaine dernière dans le journal international Science Advances. Le Dr Muruve, professeur de médecine et ancien chef de section de la division de néphrologie à l’Université de Calgary, dit que même 25 pour cent d’amélioration dans la gravité ou l’incidence de l’insuffisance rénale aiguë « constituerait un changement majeur dans la pratique et les résultats pour les patients ». 

L’insuffisance rénale aiguë, fréquemment observée en milieu hospitalier, où elle touche jusqu’aux deux tiers des patients aux soins intensifs, découle de lésions des tissus qui peuvent être causées lorsque l’apport de sang aux reins est interrompu. Une greffe rénale, une intervention chirurgicale cardiaque, la perte de sang et une infection peuvent toutes être des déclencheurs de ces lésions. L’insuffisance rénale aiguë accroît le risque de crise cardiaque, de maladie rénale chronique ou d’insuffisance rénale au stade terminal, et de décès. Actuellement, il n’y a pas de moyen de traiter cette maladie lorsqu’elle se manifeste. 

« L’insuffisance rénale aiguë est une importante cause de maladie rénale chronique, donc avoir la possibilité de l’éviter au départ aura un impact considérable sur la prévalence des maladies rénales dans leur ensemble », dit Leanne Stalker, directrice nationale de la recherche à La Fondation canadienne du rein. La Fondation et les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) furent des principaux bailleurs de fonds de l’étude. Les deux organisations font également partie des nombreux partenaires qui ont fondé le Programme national de formation scientifique et d’encadrement des chercheurs spécialisés dans le domaine rénal (KRESCENT) qui a soutenu le perfectionnement professionnel du Dr Justin Chun, l’un des chercheurs du projet, et professeur adjoint au Département de médecine de l’Université de Calgary. 

Le Dr Muruve mentionne que la molécule à l’étude, la dipeptidase-1, a été découverte dans les années 1970, mais les chercheurs, également de l’Université de Calgary, n’ont appris son rôle que récemment dans la régulation de l’inflammation dans les poumons, le foie et les reins. Il compare le travail de la molécule dans l’inflammation à celui d’un policier qui dirige la circulation. « Elle permet aux globules blancs, lesquels sont des molécules inflammatoires, de se fixer aux reins », explique-t-il.   

L’étude qui a été publiée la semaine dernière a exploré l’importance de cette molécule dans les reins et son rôle dans les maladies liées aux reins. Les chercheurs ont établi qu’en bloquant l’activité de la molécule chez les souris, ils pouvaient éviter l’inflammation qui déclenche l’insuffisance rénale aiguë. 

Le parcours de la recherche à l’approbation d’un traitement peut souvent s'étaler sur des années, et même des décennies, mais dans ce cas-ci, les chercheurs ont également trouvé au moins deux médicaments actuels qui peuvent bloquer l’activité de la molécule chez les souris. « Cela est très prometteur », dit le Dr Muruve qui prévoit le début des essais cliniques visant à tester l’efficacité de ces médicaments chez des personnes d’ici un an.  

Les essais cliniques mettront l’accent sur les patients qui se préparent à subir une intervention cardiaque et le Dr Muruve dit anticiper que La Fondation du rein aidera les chercheurs à collaborer avec d’autres établissements, à diffuser l’information, à recruter pour l’étude et à transmettre les connaissances acquises par ce travail à la communauté rénale. 

Pat Taverner, une résidente de Calgary qui a contracté une insuffisance rénale aiguë après une intervention visant à remplacer la valve aortique dans son cœur en 2015, dit « si j’avais pu avoir un médicament qui m’aurait permis d’éviter la défaillance de mes reins, cela aurait été absolument formidable et incroyable, et aurait changé ma vie. » 

Mme Taverner a eu besoin de dialyse pendant trois ans et demi avant de recevoir une greffe rénale. Sa vie est plus facile depuis la greffe, mais cette patiente de 62 ans note qu’elle doit toujours être prudente et veiller à maintenir sa santé. « Le travail qui est réalisé est extrêmement important et précieux pour éviter à quiconque de subir ce que j’ai subi », dit-elle. 




Le Dr Chun, qui a aidé à élaborer les idées, à mener une analyse expérimentale et à réviser le manuscrit de l’étude, note que le développement potentiel dans le traitement de l’insuffisance rénale aiguë met aussi en évidence l’importance du programme KRESCENT. Il est actuellement lauréat d’une bourse de trois ans du programme accordée aux nouveaux chercheurs et précédemment lauréat d’une bourse de recherche postdoctorale KRESCENT. 

« Le financement et l’intérêt pour la recherche scientifique fondamentale dans le domaine rénal diminuent et sans le soutien de La Fondation canadienne du rein et de KRESCENT, notre capacité à former et à recruter des gens qui se consacrent à la science fondamentale ou la recherche translationnelle dans le domaine rénal serait considérablement réduite », dit le Dr Chun.  

Ce type de recherche est crucial pour soutenir de nouvelles avenues afin de s’attaquer aux maladies rénales qui entraînent souvent la nécessité de subir une dialyse ou de recevoir une greffe d’organe. « Il y a beaucoup d’espoir pour trouver de nouveaux remèdes pour les maladies rénales », dit le Dr Chun.  « Nous avons besoin de programmes comme celui-ci pour aider à former les générations futures de chercheurs dans le domaine rénal. C’est d’une importance capitale, car nous sommes actuellement trop peu nombreux. » 


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